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La culpabilité

Voilà un concept qui mérite que nous nous y arrêtions, car il peut être la cause de beaucoup de mal être.

Un héritage historique

Tout d’abord, il est important, à mon sens, de rappeler que nous sommes dans une société judéo-chrétienne et que la culpabilité fait partie intégrante de notre culture. Elle a été érigée en principe de maintien de l’ordre, notamment par l’église pour laquelle nous sommes forcément en faute et il est donc nécessaire de se confesser régulièrement pour expier nos péchés, faisant planer une culpabilisation quasi permanente. Cela permettait également au Curé de connaître toutes les histoires de ses ouailles…

Si nous regardons la définition, il s’agit de la situation d’une personne coupable ou tenue pour coupable, ou qui se sent – à tort ou à raison – coupable d’avoir transgressé une règle.

Parfois imposée par les autres

Cette définition est intéressante, car elle retranscrit très bien la complexité de ce concept : la culpabilité peut venir des autres – tenue pour coupable – sans forcement qu’il y ait une raison objective à cela. Les autres qui se positionnent alors en juges appliquant une sentence. Or nous connaissons tous la proportion importante de nos concitoyens à juger les autres. Ce jugement se fait alors en référence à des valeurs, des croyances, des pensées qui sont propres à chacun et donc pas forcement partagées par la personne qui est tenue pour coupable. Toutefois, ce regard porté sur nous peut, à un moment ou un autre, nous atteindre alors même que nous n’avons transgressé aucune de nos règles. 

Là où cela devient plus difficile, et même pathologique, c’est lorsqu’une personne de notre entourage maitrise pleinement notre système de valeur et va donc s’en servir pour obtenir ce qu’elle souhaite de nous. C’est le fonctionnement de beaucoup de personnalités manipulatrices. Dans un premier temps, elles vont observer notre fonctionnement, prendre le temps de nous connaître complètement afin d’identifier les différents leviers possibles à actionner pour nous faire réagir. Peu à peu, elles vont pouvoir les utiliser en jouant le plus souvent sur notre culpabilité pour nous manipuler. Ce qui est alors difficile de repérer, c’est que contrairement à l’exemple précédent où la personne cherche à nous culpabiliser selon son système de valeur, l’utilisation de notre propre système de valeur nous touche obligatoirement et nous fait dire qu’il a raison d’appuyer sur ces points, car nous sommes effectivement en faute… Il est donc difficile de repérer qu’en fait, quoi qu’on fasse, cela ne conviendra jamais, car ce n’est pas tant la question de ce que nous faisons qui importe mais la satisfaction du pouvoir de la personne manipulatrice. Les points de vigilance à avoir sont alors la cohérence des demandes. Si ces dernières ne le sont pas, il vaut mieux fuir cette personne avant de lui donner trop de pouvoir.

Souvent par nous-même...

Toutefois, la plupart du temps, la culpabilité vient de nous-même – qui se sent – à tort ou à raison – coupable – et là encore, il est bien précisé que cela peut être à raison mais également à tort…

Pour que l’on soit coupable de quelque chose, il faut que nous en soyons l’auteur et que cela relève de notre responsabilité. Nous pouvons alors nous demander de quoi sommes-nous réellement responsables ? Cela revient également à la question du lâcher-prise… accepter que nous ne sommes pas le centre de toutes choses et que nous n’avons pas de prise sur certains évènements. Si nous n’avons pas de prise dessus, nous n’avons pas de raison de nous culpabiliser de ce qui se passe. Bien entendu, je n’entends pas là le fait de se moquer de tout. Si nous pouvons faire quelque chose vis-à-vis d’une situation qui nous tient à cœur, nous devons le faire. Dans le cas contraire, nous aurions raison de culpabiliser. Cette question est bien entendue valable pour la culpabilisation venant des autres : est ce que je suis réellement responsable de ce qui m’est reproché ?

Par ailleurs, nous culpabilisons par rapport à notre système de valeur, or celui-ci est en constante évolution. Se sentir coupable pour une action faite dans le passé, avec notre système de croyance actuel n’a donc pas de sens, tant que nous avons fait au mieux avec ce que nous étions à l’époque. Cela a été illustré par la fameuse phrase « responsable mais pas coupable ». Au vu des informations que j’avais, de mes croyances de l’époque, j’ai agi de la meilleure façon que je pouvais… Si plusieurs années après, j’apprends que les informations en ma possession étaient fausses, ou si mes croyances changent, est-ce une raison pour culpabiliser de la décision qui a été prise ? Je ne pense pas. C’est pourtant souvent le cas par exemple, au niveau de l’éducation que l’on donne à nos enfants, que ce soit par des connaissances nouvelles acquises de nos expériences ou par des courants de pensées sociétales qui changent régulièrement. Nous prenons conscience « d’erreurs » commises lorsque nous étions jeunes parents. « Si c’était à refaire, je ferais différemment… » Certes et c’est une bonne chose, cela prouve que nous évoluons, mais il n’y a pas de raisons de culpabiliser de ce qui a été fait. Personne ne peut dire comment les choses auraient évolué si vous aviez fait différemment… Cela aurait peut-être été différent, voire peut-être en pire, ou cela n’aurait pas eu de conséquences ? 

De l'importance d'être au clair

Par contre, il peut être intéressant, sans culpabiliser de faire part de votre nouvelle compréhension des choses à la personne concernée. Cela peut toujours l’aider à dépasser une situation qu’elle a peut-être mal vécue à l’époque, ou pas… mais pouvoir inscrire les choses par des mots est toujours important, tant pour la personne qui les dit que celle qui les reçoit. Certes, il n’est pas toujours facile de reconnaître notre part de responsabilité dans des évènements passés mais cela est souvent libératoire. 

Pour conclure, il est difficile de faire abstraction de la culpabilité. Toutefois, je pense qu’être au clair sur ses propres valeurs et faire en sorte de les incarner, de les vivre pleinement est un moyen de la limiter pour nous-même et de se protéger de celle imposée par les autres.

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